Patrick Isnard (RN), le personnage atypique qui va booster la campagne municipale à Grasse

Le propriétaire de la Bastide Isnard débarque sur la scène politique grassoise avec ses envolées, son accent et son "amour fou" de la ville qui l’a vu naître. Un personnage atypique qui devrait booster la campagne.

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Eric Farel Publié le 19/09/2019 à 10:19, mis à jour le 19/09/2019 à 10:38
Patrick Isnard. Photo Patrice Lapoirie

Avec Patrick Isnard, le Rassemblement national qui faisait sa rentrée le week-end dernier à Fréjus, s’est dégoté un sacré client!

Pourquoi vous dit-on cela? D’abord parce que l’intéressé n’est pas un "parachuté" comme le mouvement de Marine Le Pen a souvent l’habitude d’en désigner. Ensuite, parce qu’il est un électron libre, une forte gueule qui, a priori, ne semble pas enclin à suivre à la lettre la ligne du parti.

Cela étant dit, Isnard, féru d’écologie, amoureux fou du patrimoine provençal qu’il défend jusque dans sa tenue vestimentaire, admirateur à peine voilé de son presque homonyme cannois David Lisnard, risque aussi d’être une épine de taille dans le pied de Jérôme Viaud.

Dès aujourd’hui, il passe à l’offensive...

La politique?
"Je n’en ai jamais fait de ma vie, dans le sens politicien du terme. Cela n’a jamais été une vocation."

Le Rassemblement national?
"J’ai géré une entreprise pendant 20 ans. Je fabriquais des maisons en bois et bioclimatiques dans toute l’Europe. De ce fait, j’ai toujours été extrêmement préoccupé par l’écologie. Mais j’ai toujours voté Front national, sauf une fois pour Sarkozy. Et quand j’ai vu qu’il nous avait arnaqués (sic), je suis revenu au bercail."

Pourquoi ce parti précisément?
"J’ai une réponse toute simple: j’ai toujours pensé que c’est le seul mouvement qui dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. Ce n’est pas plus compliqué. Vous savez, je sais parfaitement que le quartier communautaire qui se trouve dans le centre-ville de Grasse est en grande partie responsable du désamour des Grassois pour ce secteur. Et je le dis toujours: le racisme, c’est de la bêtise; l’anticommunautarisme, c’est du bon sens. Et quand on est contre le communautarisme, on est pour la mixité sociale. Il faut donc qu’un maire ait le courage de dire stop à ce quartier communautaire. On ne peut pas continuer comme cela."

Grasse?
"Cette ville, c’est ma vie. Quand je travaillais du côté de Bordeaux, si je ne revenais pas un week-end, j’en étais malade, y compris physiquement. Et la qualité la plus importante pour un maire, c’est d’aimer sa ville, passionnément. D’en prendre soin comme sa propre mère, de la protéger et la faire grandir comme sa propre fille."

Jérôme Viaud?
"C’est un garçon jeune, intelligent. Je pensais qu’il allait prendre la voie royale. Il avait la possibilité de faire des trucs fabuleux à Grasse et s’il les avait faits, aujourd’hui il serait plébiscité. Malheureusement, il est tombé dans tous les travers d’un homme politique. Ce qu’il aurait dû faire, c’est dire à Jean-Pierre Leleux: "Maintenant, laisse-moi accomplir ma tâche, laisse-moi voler de mes propres ailes". Il n’en serait pas là. Je ne me suis jamais trompé sur le résultat d’une élection. Et là, je vous le dis: le prochain maire de Grasse ne sera pas Jérôme Viaud. Ce qui est dommage d’ailleurs, parce que dans une ville, la stabilité c’est bien."

Que lui reprochez-vous, au fond?
"Je lui ai dit tout ce que je pensais, tout ce qui n’allait pas, à l’époque où je n’avais pas l’intention de m’investir en politique. Un exemple? Les façades du vieux Grasse. Mon message, c’était: "Refaites-les. Qui va vous le reprocher?" Il est parti avec une bonne intention mais au final, il en refait 10 en 5 ans alors qu’il y en a 400. À ce rythme-là, dans 200 ans, ce ne sera toujours pas fini. Autre exemple: les marchands de sommeil. Je lui ai dit: "Vous avez de la chance. Pas un mort à ce jour. Allez à la cathédrale pour dire merci. Mais ne prenez plus de risque, ayez le courage de dire stop, arrêtez ces locations". Il ne l’a pas fait. Ce que j’entends sur le maire, c’est: "On a voté pour lui, on ne le refera plus". Et il peut faire ce qu’il veut, il n’inversera pas la tendance."

Martelly, la médiathèque: ce sont des projets que vous rejetez?
"Concernant Martelly, je suis pour la ZAC. Mais quand on fait un projet comme celui-ci, on met les Grassois dans sa poche. Il faut être intelligent, prévoir plusieurs projets et les proposer à la population. Bouygues, je connais. Ce sont des commerciaux, leur business c’est gagner de l’argent et quand ils font une ZAC, leur but est d’y mettre le plus d’appartements possible pour faire de la marge. Quand ils rencontrent un maire, ils lui disent "Ne vous embêtez pas, on s’occupe de tout". C’est évidemment la dernière chose à faire. Là, on nous a pris pour des truffes avec un projet qui sera livré dans 7 ou 8 ans et des appartements qui seront alors obsolètes sur le plan énergétique. Dans ce dossier, l’équilibre économique n’a pas été respecté et surtout, on accepte d’assumer tous les risques dans le lieu géologique le plus sensible de Grasse. Vous voudriez ruiner la Ville que vous ne feriez pas mieux! Quant à la médiathèque, elle est en béton donc sans inertie avec un chauffage électrique. La facture de fonctionnement sera énorme. Voilà vingt ans qu’on ne fait plus cela. Monsieur Viaud s’en fout et ça va lui coûter son élection."

Ces projets, c’étaient ceux de Jean-Pierre Leleux...
"Mais c’est ce qui va faire perdre le maire sortant. Les gens sont conscients des sommes dépensées alors que nos infrastructures sont dans un état déplorable: on a les plus vieilles piscines de France pour une ville de 50.000 habitants, la plus vieille salle de sport de France, des bâtiments publics qui s’effondrent et 20km de routes qui ont été refaites sur les 213 que compte la commune. Monsieur Viaud a augmenté la dette de 30% alors que partout ailleurs elle a baissé. Mais comment va-t-il justifier tout cela? Et puis, il y a la réputation de la ville qui est catastrophique."

Les villes tenues par le Rassemblement national ont une action municipale puisée dans une sorte de programme commun. Ce sera le cas de Grasse si vous êtes élu?
"Je partage 95% des idées du RN - et c’est pour cela que j’y suis - notamment en termes de sécurité. Mais je suis un homme libre. À 57 ans, qui m’imposera quoi que ce soit dans ma ville? Oui, je vais suivre un certain nombre de recommandations qui me paraissent nécessaires. Mais vous verrez que mon programme comporte une énorme partie d’écologie parce que Grasse est la ville la plus polluée et la moins écolo des Alpes-Maritimes: aucun transport vert, aucun écoquartier et la liste est hallucinante. Le maire n’a rien fait. Quant au patrimoine, c’est simple: plus personne ne va y toucher. C’est terminé. La première chose sera de dire stop au béton, stop aux pollueurs. Les camions de la Sarrée qui passent toutes les minute quarante dans la ville sans respecter la règle d’émission de CO2 et celle du tonnage, c’est terminé."

Là, c’est la préfecture qui décide...
"J’irai au clash. Ce problème, ce n’est pas moi qui l’ai créé. Et en face, je vous le dis, ils vont trouver un fada (sic) parce que le job d’un maire, c’est défendre sa population. Et vous verrez qu’au final, on va s’entendre. Donc ce sera stop au béton, stop aux pollueurs, stop aux marchands de sommeil et stop à la dette abyssale, d’entrée."

Vous êtes aussi un farouche défenseur des traditions?
"Absolument. C’est pourquoi je déplore que la Fête du jasmin soit devenue un pseudo-carnaval grotesque ou qu’à Grasse, le nom des rues ne soit pas écrit en provençal et que les 75 hôtels particuliers que nous comptons ici ne bénéficient pas d’un petit panneau expliquant qui y vivait et à quelle époque. Cela ne coûte rien et les gens adorent. Là encore, Jérôme Viaud assure aimer la Provence et ses paysages. Mais comment peut-il dire cela et soutenir un viaduc qui va dénaturer toute une colline (à Saint-Antoine, Ndlr)?"

Votre campagne?
"Je vais faire une vraie campagne avec une permanence, des réunions publiques et la venue de tous les ténors du parti (Ndlr, David Rachline, maire de Fréjus, viendra à Grasse début octobre)."

La candidature de Jean-Marc Degioanni, si elle se confirme, vous pose-t-elle problème?
"Pas du tout. C’est même une bonne chose s’il défend des idées qui sont comparables aux nôtres. Dans le magazine municipal, il m’a d’ailleurs fait un compliment sans le savoir en me qualifiant de "candidat pagnolesque". Il n’imagine pas à quel point ça m’a fait plaisir."

Et les autres candidats?
"Paul Euzière est un ami, même si nous ne partageons pas les mêmes idées. Jean-Paul Camerano aussi et Chems Sallah est l’exemple du Tunisien qui a connu une réussite parfaite. Tous ces gens-là, je les côtoie, ils me respectent et réciproquement parce qu’on se dit nos quatre vérités quand on se voit."

Les qualités d’un bon maire?
"Il faut savoir écouter et comprendre, savoir aussi gérer des hommes, un budget et ses émotions. Cela ne s’improvise pas."

Votre liste?
"Elle est terminée à 90%. Il y a des gens du RN, mais aussi beaucoup d’amoureux de Grasse et des représentants des vieilles familles. Tous disponibles parce que c’est ce que je veux. On ne peut pas être adjoint à mi-temps."

repères

Né le 23 juin 1962 à Grasse.

Situation de famille: marié, deux enfants.

Profession: président de la parfumerie Isnard.

Mandat électif: néant.

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