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Le tchador ou le Plan Dubé?

Dilemme... par quoi commencer cette chronique? Par la sortie de la députée libérale Fatima Houda-Pepin sur le tchador, ou sur le rapport de la Coalition avenir Québec (CAQ) pour assainir les finances de l'État?


Je sais, c'est ennuyant les finances publiques. Le député Christian Dubé, de la CAQ, qui vient de se farcir trois mois de travail sur le sujet, se demandait bien, vendredi matin, comme rendre son rapport aussi sexy que le débat sur la Charte.

Impossible, M. Dubé. Même si peu de gens savaient ce qu'est un tchador jusqu'à maintenant, c'est ça qui prend la vedette aujourd'hui parce que ça porte sur la charte de Bernard Drainville.

Si on cherchait la preuve que ce sujet sème la division, on vient d'en avoir un bon exemple avec la révolte de Fatima Houda-Pepin.

Les libéraux règlent leurs dissensions à l'interne en temps normal. Pour que la députée étale sa colère en public, il fallait que ça brasse fort en dedans.

Mme Houda-Pepin a des convictions. Mais on a également vu de la frustration dans son cri du coeur. La frustration de voir qu'on avait confié le dossier de la charte à ses collègues Marc Tanguay et Gilles Ouimet. Et puis cette déclaration de Tanguay, concernant l'acceptation du port du tchador à l'Assemblée nationale. Une hypothèse totalement farfelue, mais qui a illustré une contradiction dans la position de Philippe Couillard: si on n'interdit aucun signe religieux ostentatoire, même pour les gens en autorité, est-ce à dire qu'une juge portant le tchador pourrait rendre justice?

M. Couillard a rectifié le tir, mais les péquistes ont eu le temps de rigoler.

Qu'adviendra-t-il de Mme Houda-Pepin? Si elle veut rester en politique, elle va rentrer au bercail. Parce que La Pinière, sa circonscription, est un château-fort libéral.

Le plan Dubé

Depuis son élection en 2012, le député de Lévis, Christian Dubé, s'est démarqué par son sérieux. C'est la raison pour laquelle la présentation de ce que l'on pourrait appeler le budget ou le plan Dubé, prend une telle importance. Aux prochaines élections, la crédibilité de la CAQ sur les questions budgétaires tiendra en grande partie sur celle de son député.

En septembre, François Legault lui a demandé de présider un groupe de travail pour examiner «toutes les façons possibles de réduire le fardeau fiscal des familles et de la classe moyenne». Le rapport d'étape qu'il présentera aujourd'hui au congrès de la CAQ, à Québec, sera soumis à une analyse serrée de la part des autres partis, et avec raison.

Le discours passé de l'Action démocratique du Québec, l'ancêtre de la CAQ, était de réduire les dépenses en coupant dans les effectifs des ministères. La proposition de M. Dubé est plutôt de mettre un stop aux augmentations de personnel, d'améliorer la gestion, d'accroître la qualité des services rendus et de redistribuer une partie des économies aux familles de la classe moyenne.

L'objectif est d'autant plus ambitieux que le discours officiel qui prédomine actuellement, est que le gouvernement Marois sera incapable d'atteindre le déficit zéro promis en campagne électorale, malgré toutes les coupes budgétaires imposées au Québec depuis septembre 2012.

C'est dans les détails que l'on trouvera des objections. C'est dans le rappel des embauches du ministère du Revenu pour sévir contre l'évasion fiscale, ou aux Transports pour y rebâtir l'expertise et déjouer la collusion.

Dubé ne craint pas qu'on le confronte. Il espère que son rapport forcera le gouvernement à dévoiler les données qu'il réclame depuis des mois sur les finances publiques. J'ai déjà salué l'élection de candidats familiers avec l'économie et la gestion à l'Assemblée nationale. Qu'il ait tort ou raison, M. Dubé est de ceux-là et mérite notre écoute, même si le tchador est plus sexy que son rapport...